Conseils, précautions... Comment bien cueillir les champignons en forêt ?

Mis à jour le 26/10/2022

Craquement des feuilles, changement de couleurs, balades fraîches en forêt... Autant de raisons pour lesquelles l'automne séduit les français. Parmi elles, on retrouve aussi la fameuse cueillette des champignons : une activité dont le succès n'est plus à prouver, mais qu'il faut pratiquer avec modération. Les mycologues de l'ONF vous rappellent quelques bonnes pratiques dans cette vidéo ci-dessous.

Peut-on cueillir en forêt publique ?

La cueillette des champignons est autorisée en forêt domaniale (appartenant à l'État) si elle reste dans le cadre d’une consommation familiale et si les prélèvements sont raisonnables, c'est-à-dire qu'ils n’excèdent pas 5 litres par personne et par jour (sauf réglementation locale contraire).

Elle doit être modérée, car en principe, une autorisation préalable du propriétaire est nécessaire (article 547 du Code civil). En effet, toutes les forêts publiques ont un propriétaire, qu'il s'agisse d'un État, une région, un département ou une commune.

De plus, les cueillettes excessives peuvent menacer des espèces, même courantes comme le muguet ou les jonquilles. Certaines baies et quelques champignons peuvent être toxiques. Certaines plantes rares sont également protégées.

Et dans les forêts privées ?

Les champignons sauvages appartiennent de plein droit au propriétaire du sol. Ils ne sont pas res nullius comme le gibier (qui n'appartient à personne). En effet, l'article 547 du code civil est formel : « les fruits naturels ou industriels de la terre appartiennent au propriétaire par droit d'accession ». Leur cueillette n'est, par conséquent, tolérée qu'aux conditions suivantes :

  • demander l'autorisation au propriétaire ;
  • respecter les lieux, les animaux et les panneaux d'interdiction ;
  • ramasser avec parcimonie ;
  • consulter les arrêtés préfectoraux et communaux en mairie.

La jurisprudence est constante à propos de la cueillette des champignons :

  • non seulement ils appartiennent au propriétaire du sol et donc son autorisation est nécessaire ;
  • mais encore le propriétaire du sol n'est pas obligé, pour conserver son droit sur les fruits naturels ou industriels de la terre, de clôturer son immeuble ou d'en interdire l'accès par voie d'affiches ou d'autres moyens.

Autrement dit, le fait de ne pas avertir par un panneau «cueillette de champignons interdite» n'est pas une faute et n'autorise pas les ramasseurs à pénétrer sur la propriété que ce soit un bois, un pré, un champ, etc.

Ramasser des champignons chez autrui c'est du vol (l'article 311-1 du code pénal dit bien que « le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui »). Depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code forestier le 1er juillet 2012, il n’existe plus de seuil sous lequel la récolte serait « tolérée » ; la nature des peines a été profondément remaniée, et les sanctions sont désormais sans commune mesure avec celles qui étaient prévues auparavant.

Trois règles à retenir :

Récoltez uniquement les champignons en bon état.

Mangez les champignons en petite quantité (jamais au cours de plusieurs repas consécutifs).

Éviter de cueillir les espèces que vous ne connaissez pas.

Quelques conseils pour ramasser des champignons

Voici les conseils du réseau naturaliste mycologie de l'ONF ! Avant de partir en forêt à la recherche de bons champignons :

  • Informez vos proches de votre destination. Tous les ans, les secours doivent être déclenchés pour rechercher des cueilleurs de champignons égarés.
  • Equipez-vous d'un panier. Les champignons sont fragiles et pourraient s'abîmer et s'écraser s'ils sont transportés dans un sac plastique.
  • Se renseigner sur le lieu de cueillette. Bien vérifier que vous avez l’autorisation de ramassage et quelles sont les quantités maximums autorisées.
  • Cueillez des champignons de taille adulte et en bon état. Laissez sur place les plus petits ainsi que les vieux ou ceux qui sont abimés, qui ont subi le gel.
  • Contrairement aux idées reçues, il faut arracher le champignon en entier, et non le couper. Le pied du champignon contient d’importantes informations (feutre mycélien, forme de la base du pied, morceaux de bois, couleur…) qui permettent son identification.
  • Respectez l’humus ! Il s’agit de la couche de terre à la surface, d’environ dix centimètres de profondeur, qui est essentielle à la vie du champignon. N’enlevez pas de grosses mottes en prenant un champignon, ne retournez pas la terre autour…
  • Séparez les espèces connues de celles que vous ne connaissez pas. Mieux vaut évitez de cueillir les champignons que vous ne connaissez pas.
  • Laissez sur places les champignons non comestibles, sans les abimer.
  • Triez votre panier à la lumière et vérifiez votre récolte.
  • N’utilisez pas d’application sur téléphone pour identifier vos champignons. Cette méthode très déconseillée est à l’origine de nombreuses intoxications, ces applications donnant très souvent des résultats faux.

Dernier conseil et non des moindres : si vous ne savez pas si un champignon est comestible ou non, demandez l'avis d'un spécialiste, pharmacien ou mycologue, pour l'identifier. Avec près de 30.000 espèces en France, nous vous incitons à la plus grande prudence.

Avec tous ces conseils, vous voilà prêt pour de belles cueillettes automnales dans le respect de la forêt !