Le risque inondation

Mis à jour le 02/09/2019
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En France, le risque inondation est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque. Les citoyens ont le droit à une information sur ce risque majeur auquel ils sont soumis et sur les comportements qu’ils doivent adopter en cas de menace.

1) Généralités
  • Qu'est-ce qu'une inondation ?

Une inondation est une submersion, rapide ou lente, d’une zone habituellement hors d’eau. Elle est due à l’augmentation du débit d’un cours d’eau, suite à des pluies importantes et/ou durables.

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Aléa + Enjeu = Risque

  • Comment se manifeste-t-elle ?

On distingue quatre types d’inondations :

    • Les inondations de plaine sont la montée lente des eaux en région de plaine par débordement d’un cours d’eau ou remontée de la nappe phréatique,
    • La formation rapide de crues torrentielles consécutives à des averses violentes,
    • Le ruissellement pluvial renforcé par l’imperméabilisation des sols et les pratiques culturales limitant l’infiltration des précipitations,
    • L'inondation par submersion marine qui a lieu dans les zones littorales et les estuaires résultant de la conjonction de la crue du fleuve, de fortes marées et de situations dépressionnaires.

L’ampleur de l’inondation est fonction de :

    • L’intensité et la durée des précipitations,
    • La surface et la pente du bassin versant,
    • La couverture végétale et la capacité d’absorption du sol,
    • La présence d’obstacles à la circulation des eaux.
    • Exceptionnellement, l’inondation peut être aggravée par la fonte des neiges.
  • Les conséquences sur les personnes et les biens

D’une façon générale, la vulnérabilité d’une personne est provoquée par sa présence en zone inondable. Sa mise en danger survient surtout lorsque les délais d'alerte et d'évacuation sont trop courts ou inexistants pour des crues (ou submersions) rapides ou torrentielles.

Dans toute zone urbanisée, le danger est d'être emporté ou noyé, mais aussi d’être isolé sur des îlots coupés de tout accès.

L'interruption des communications peut avoir pour sa part de graves conséquences lorsqu’elle empêche l'intervention des secours. Si les dommages aux biens touchent essentiellement les biens mobiliers et immobiliers, on estime cependant que les dommages indirects (perte d’activité, chômage technique, etc.) sont souvent plus importants que les dommages directs.

Lorsque des zones industrielles sont situées en zone inondable, une pollution ou un accident technologique peuvent se surajouter à l’inondation.

2) Le risque inondation dans le département

Le département de la Charente est irrigué par 3 bassins ou sous bassins : la Charente, la Dronne et la Vienne. La Charente et la Dronne provoquent des inondations de plaines prévisibles et de longue durée tandis que La Vienne a des crues prévisibles mais de courte durée.

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Hydrographie pour le département de la Charente

80 % des crues de la Charente et de ses affluents se produisent entre le 15 décembre et le 1er avril.

Le département a connu sa crue la plus dommageable du 20ème siècle en 1982 : la quasi-totalité des communes riveraines du fleuve Charente a été sinistrée. L’état de catastrophe naturelle a donc été reconnu sur l’ensemble du département.

La Charente a subi d’autres crues importantes comme en 1859, 1904, 1962 et plus récemment au cours des mois de décembre 1993, de janvier 1994 et mars 2007.

Bien que le débordement des cours d’eau soit la principale cause d’inondation, des épisodes pluvieux d'ampleur exceptionnelle peuvent provoquer, comme en 1986, des inondations et des dégâts sur des secteurs ne comportant pas de cours d’eau. Ce phénomène peut être déclenché du seul fait des ruissellements et des infiltrations.

Au total, depuis 1982, la quasi-totalité des communes a subi des dommages du fait des inondations et a bénéficié à ce titre de l’application de la loi du 13 juillet 1982, sur les catastrophes naturelles.

Il est possible de retrouver les arrêtés de catastrophes naturelles des communes sur le site géorisque.

3) Les actions préventives dans le département
  • La connaissance du risque

Les atlas de zones inondables sont diffusés aux élus et aux services concernés, et sont portés à la connaissance des citoyens.

– Politiques de gestion du risque (SLGRI)

Les Territoires à Risques Importants d’inondation (TRI) sont gérés par des Stratégies Locales de Gestion des Risques Inondation (SLGRI). En Charente il existe un TRI : le TRI Saintes Cognac Angoulême. La SLGRI est une déclinaison du cadre fixé par la SNGRI à l’échelle nationale (Stratégie Nationale de gestion des Risques d’Inondation) et le PGRI (Plan de Gestion des Risques d’Inondation) à l’échelle du district hydrographique. La SLGRI vise a atteindre sur les TRI des objectifs de réduction des conséquences négatives des inondations. Pour cela, les PAPI déclinent des actions en faveur de la réduction de la vulnérabilité.

– Outils financiers (PAPI)

Mis en place depuis 2003, les Programmes d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) sont des outils de mise en œuvre de la politique de prévention des risques naturels d’inondation.

Ils contractualisent des engagements de l’État et des collectivités territoriales pour réaliser des programmes d’études et/ou de travaux de prévention des risques liés aux inondations avec une approche globale de prévention à l’échelle du bassin de risque.

La Charente est intégrée dans le PAPI Charente & Estuaire. Ce programme a été initié en 2018 sur une période de 5 ans et son pilotage est assuré par l’Établissement Public Territorial du Bassin (EPTB) Charente. Il traite des inondations pluviales ainsi que les inondations par submersion marine en Charente Maritime. Il a pour but de prévenir les risques d’inondation en mettant un terme à l’aggravation de l’exposition aux risques d’inondation, en réduisant le niveau d’aléa dans les secteurs les plus exposés et en gérant le risque par l’adaptation du territoire.

Le périmètre du PAPI Charente & Estuaire englobe 790 communes dont environ 400 sont concernées par le risque d’inondation.

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Le périmètre du PAPI Charente et son estuaire

Plus d’informations : le site EPTB Charente.

– Outils de planification (AZI / PPRi)

  • Les Atlas des Zones Inondables (AZI) sont des documents de connaissance des phénomènes d’inondations. L’atlas est donc constitué de cartographies représentant les zones inondables. Les AZI n’ont pas de valeur réglementaire et ne peuvent donc pas être opposables aux tiers. La Charente est concernée par 44 atlas des zones inondables (AZI).
  • Les Plans de Prévention des Risques Naturels d’inondation (PPRNi) constituent l’un des outils de la mise en œuvre de la politique de l’État en matière de prévention des inondations. Ils mettent en évidence les zones à risques, réglementent l’aménagement et les usages du sol, et définissent des mesures pour réduire la vulnérabilité des enjeux.

    Le PPRNi vaut servitude d’utilité publique pour toute autorisation d’urbanisme située en zone de risque inondation et est opposable aux tiers.

    Dans le cadre des PPRN, le code de l'environnement définit deux catégories de zones (article L562-1) : les zones exposées aux risques et les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques mais sur lesquelles des mesures peuvent être prévues pour éviter d'aggraver le risque.
    Pour les PPRNinondation, il y a d’abord la zone rouge : zone de champs d'expansion des crues. Le risque est fort, l'inconstructibilité est la règle générale. Il y a également la zone bleue où on retrouve des secteurs urbanisés situés en aléa faible ou moyen. Cette zone est constructible, sous conditions.

L’indemnisation en cas de catastrophes naturelles régie par la loi du 13 juillet 1982 impose aux assureurs, pour les contrats d’assurance dommages aux biens ou véhicules, d’étendre la garantie aux effets de catastrophes naturelles, qu’ils soient situés dans un secteur couvert par un PPR Plan de prévention des risques ou non. Si un PPR Plan de prévention des risques existe, les assurances ont l’obligation de garantie pour les « biens et activités existant antérieurement à la publication de ce plan ». En revanche, les assureurs ne sont pas tenus d’assurer les biens immobiliers construits et les activités exercées en violation des règles du PPR Plan de prévention des risques en vigueur lors de leur mise en place.

Consultation de la liste des communes en PPRNi et AZI:

Dossier Départemental des Risques Majeurs (DDRM)

 - La surveillance et la prévision des phénomènes

La prévision des inondations consiste en une surveillance continue des précipitations, du niveau des nappes phréatiques, des cours d’eau et de l’état hydrique des sols.

Le maire est compétent en premier lieu en cas de crise inondation dans sa commune. La préfecture sera lui compétent si la crise dépasse l’échelle communale.

La prévision et préparation de la crise inondation est réalisée par le Service de Prévision des Crues (SPC). Il en existe deux pour le territoire de la Charente : le SPC VCA (Vienne-Charente-Atlantique) basé à Rochefort et le SPC GAD (Gironde Adour Dordogne) basé à Bordeaux.

Les centres régionaux de Météo-France sont disponibles en appui et peuvent donner des précisions quant aux prévisions océano-météorologiques.

Le Service Central d’Hydrométéorologie et d’Appui à la Prévision des Inondations (SCHAPI) rassemble l’information de vigilance du risque inondation produite par les SPC. Le SCHAPI publie par la suite sur le site vigicrues les différents niveaux des risques de crues.

Météo France publie au moins deux fois par jour, à 6h00 et 16h00, une carte de vigilance à 4 niveaux, reprise par les médias en cas de niveaux orange ou rouge. Ces informations sont accessibles également sur le site Internet de Météo-France.

En cas de niveaux orange et rouge, un répondeur d’information météorologique (tel.: 3250) est activé 24h/24h apportant un complément d’information pour une meilleure interprétation des niveaux de risques.

 - Réduction de l'aléa et de la vulnérabilité des enjeux

Parmi les mesures prises ou à prendre pour réduire l’aléa inondation ou la vulnérabilité des enjeux, on peut citer :

  • Les mesures collectives
  • À l’intérieur des zones inondables soumises aux aléas les plus forts, interdire toute construction nouvelle et saisir toutes les opportunités pour réduire le nombre des constructions exposées. Dans les autres zones inondables où les aléas sont moins importants, des dispositions doivent être prises pour réduire la vulnérabilité des constructions qui pourront éventuellement être autorisées, c’est le rôle du PPRNi .
  • Contrôle strict de l’extension de l’urbanisation dans les zones d’expansion des crues, c’est-à-dire les secteurs non urbanisés ou peu urbanisés et peu aménagés où la crue peut stocker un volume d’eau important.
  • Éviter tout endiguement ou remblaiement nouveau qui ne serait pas justifié par la protection de lieux fortement urbanisés.
  • Entretenir les cours d’eau pour limiter tout obstacle au libre écoulement des eaux (curage régulier, entretien des rives et des ouvrages, élagage, recépage de la végétation, enlèvement des embâcles et des débris …).
  • Renforcer le contrôle et l'entretien des digues existantes.
  • Création de bassins de rétention, de puits d’infiltration, amélioration des collectes des eaux pluviales (dimensionnement, réseaux séparatifs), préservation d’espaces perméables.
  • Les mesures individuelles
  • Prévision de dispositifs temporaires pour occulter les bouches d’aération, les portes (mise en place de batardeaux),
  • Amarrage des cuves,
  • Installation de clapets anti-retour,
  • Choix des équipements et techniques de constructions en fonction du risque (matériaux imputrescibles),
  • Mise hors d’eau du tableau électrique, des installations de chauffage, des centrales de ventilation et de climatisation,
  • Création d’un réseau électrique descendant ou séparatif pour les pièces inondables.

Sur ce même site, vous pouvez vous trouver des informations rattachées à la sécurité civile.